Le matériel
Une autonomie légère pour 4 saisons
"Montre-moi les objets que tu transportes, comment tu les utilises, et je te dirai qui tu es !"
Mondes, outils et pratiques à l'ère des globalisations connectées.
n itinérance, la recherche de l’autonomie légère ou ultra-légère (auto – soi-même, nomos – loi), se traduit par une longue série d’apprentissages en conditions réelles. Pouvoir se déplacer selon ses désirs (selon sa propre loi) nécessite de pouvoir s’adapter à différents environnements géographiques et météorologiques, comme de pourvoir par soi-même, dans une certaine mesure, à ses besoins. A ces effets mènent le choix et la connaissance du matériel porté, dont l’usage répété finit par former un habitus, soubassement de l’univers dynamique d’un aventurier. La fiabilité de ses lois tient alors au degré élevé de familiarité découlant de ces répétitions, cependant que choses et sujets s’y inter-définissent constamment.
Le monde de l’itinérant autonome est, de façon plus évidente qu’ailleurs, articulé autour des notions de : « besoins primaires », « survie », « ressources », « stock », « échanges », « capacité physique », « savoirs », « techniques » et « culture ». L’expérience empirique du nomadisme auto-propulsé est une invitation constante à interroger leur sens et en tirer des leçons immédiates.
Si la condition humaine semble avoir quelque chose d’universel, il y a en revanche un particularisme concret de chaque réponse individuelle, qui se déploie dans un espace-temps situé et cinétique : seul l’orchestrateur en sait la « musique », parfois inconsciemment. Cette musique personnelle parle d’un humanisme partagé ; on pourrait dire que c’est dans le rapport aux structures et mécanismes de production et de reproduction (la question de la survie et de l’expansion) que naissent d’archaïques (s’il en est) et communs traits de caractère d’anthropos : tour à tour manipulateur et fabricateur d’objets et de concepts, technicien, ludique, chercheur en métaphysique, prométhéen, dominateur, industriel, communiquant, laborieux, destructeur… Mais c’est aussi dans l’écriture propre à chacun de ce même rapport que réside une forme d’antidote (vertu du pharmakon) à la démesure potentielle de chacune de ces humeurs globalement partagées. L’émancipation tient de l’écriture de soi, dans une dialectique de la partition et de la note, où ni l’une ni l’autre ne peuvent se lire en l’absence de leur contrepartie (une partition sans note ne distribue rien, une note sans portée ne se situe pas).
Des techniques et des savoirs singuliers
« La condition humaine n’est pas sans conditions », c’est universellement que se posent les questions tractées par l’humain tantôt nomade tantôt sédentaire, tandis que chaque arpenteur autonome répond par une idiosyncrasie plastique, miroir de sa complexion géo-historique, culturelle et individuelle d’alors, où l’apparence du même (un abri, un manteau, un couteau et un récipient, un matelas, un sac font le barda type en tout point du globe) abrite une spécificité inimitable : le nomade trouve une maison, un domus, qui lui est propre dans la construction, le déploiement de son rapport technique et identitaire à ses biens.
On l’aura compris, chaque configuration matérielle, de chargement, dérive de choix et de savoir-faire individuels, comme autant de ponctuations à un héritage culturel et biologique, à une recherche éthique (quel comportement adopter et en fonction de quelles valeurs), technique (comment et avec quoi), pragmatique (quels sont mes besoins), souvent existentielle, dans une quête de la vie bonne (réévaluation des outils et pratiques qui mènent au bonheur et au bien).
L’optimisation d’un équipement et d’un chargement constitue alors, pour certains, une manière d’examen technique émancipateur, aux fins eudémonique, politique et humaniste.
En ce qui me concerne, l’expérience me pousse vers l’exploration d’un minimalisme fonctionnel résultant de deux tendances. D’une part, prosaïque, les capacités données physiques et mentales, nécessaires au transport d’un équipement dans la très longue durée et sans assistance, le fait de se bien connaître pour marcher loin. D’autre part, morale, la recherche de la « mesure », le constat que « moins fait le bien », direction vers laquelle de nombreuses philosophies morales pointent à travers éons et civilisations, par une quête de la juste mesure, et qu’on pourrait appeler « la vie simple » (souvent synonyme de « dépouillement » et de « sobriété » pour les commentateurs de toute époque).
Ce qui fait l’intérêt de la chose est entre autres que la définition d’une telle vie simple est un travail complexe, quotidien, varié, et probablement sans fin.
Ici ne sont pas abordés la relativité des notions d’autonomie et de légèreté ; les différences entre auto-suffisance, autonomie ; les enjeux éthiques autour de hi-tech / low-tech…
Anatomie d'un paquetage
LE BIKEPACKING APPLIQUÉ AU FOOTBIKE
Matériel et équipement, 4 saisons: 23kg
Capacité en eau 8L+, nourriture 7kg+, extensibles
Trottinette + porte-bagage + divers : 11kg
Catégories arbitraires & circulation d'artefacts
Dans une optique de minimalisme pratique, un objet est léger, résistant et versatile. Il se retrouve dans plusieurs catégories, réunit plusieurs fonctions, et l’on en dispose aisément au bon moment. On tâche d’éviter la redondance, ou bien elle solutionne un problème pratique. Bien sûr, toutes les excentricités sont permises et encouragées, la règle ultime de la « capacité à porter » sanctionnant in fine à sa façon les choix opérés.
2 champs d’ajustements sont illustrés en images. Les grandes catégories d’objets répondant à des types d’activité (dormir, cuisiner, se mouvoir, s’habiller…) ; la répartition du matériel, fonction de la praticité (modalités d’accès) et de la géométrie de chargement souhaitées.